La question de savoir qui sont les plus radicaux, chiites ou sunnites, revient souvent dans les débats contemporains sur l’islam. Pourtant, une analyse honnête révèle que le phénomène du takfir, c’est-à-dire l’excommunication violente de ceux jugés non musulmans, est principalement présent dans certains courants sunnites radicaux, comme les groupes wahhabites et salafistes, alors que les enseignements chiites traditionnels rejettent catégoriquement ce type de pratiques extrémistes.
Dans cet article, nous allons étudier de près la réalité du radicalisme au sein des deux branches majeures de l’islam. En nous appuyant sur des sources fiables, nous verrons que, bien que des extrémistes puissent exister partout, l’histoire du chiisme ne comporte aucun groupe terroriste, car la théologie chiite authentique interdit formellement la violence sectaire.
À travers ces explications, vous comprendrez mieux pourquoi les chiites condamnent fermement toute dérive takfiriste. Pour aller plus loin sur ce sujet, consultez la page d’accueil de notre site, afin de découvrir Le Chiisme.
Sommaire
L’origine du takfirisme dans l’histoire musulmane
Le phénomène du takfirisme, qui consiste à déclarer mécréant (kâfir) celui qui n’adhère pas à une interprétation particulière de l’islam, trouve ses racines dès les premières décennies de l’histoire musulmane avec l’apparition des Khawarij.
Ce groupe extrémiste fut le premier à pratiquer ouvertement le takfir, excommuniant les musulmans qui divergeaient de leur vision rigide de la religion.
Bien que ce phénomène ait existé à travers les siècles sous diverses formes, ce sont principalement les courants issus du salafisme et du wahhabisme, apparus ces derniers siècles, qui ont systématisé cette idéologie pour justifier la violence envers d’autres groupes musulmans, notamment les chiites.
« L’une des principales croyances du wahhabisme est la pratique du takfir, particulièrement contre les chiites, déclarant mécréants tous ceux dont les croyances divergent des leurs. »
La réalité du takfir chez les chiites
Bien que souvent accusés de pratiquer le takfirisme, les chiites rejettent majoritairement cette doctrine et considèrent les autres musulmans, y compris les sunnites, comme leurs frères en religion.
Contrairement à certains groupes sunnites radicaux, les chiites traditionnels évitent l’excommunication violente et considèrent cette pratique incompatible avec leurs enseignements doctrinaux fondamentaux.
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I. Position majoritaire chiite sur le takfir
La grande majorité des savants chiites sont unanimes pour dire que les musulmans sunnites appartiennent pleinement à la communauté musulmane, refusant ainsi le takfir généralisé.
Les autorités religieuses chiites expliquent clairement que, malgré les différences doctrinales sur l’imamat et d’autres aspects théologiques, les sunnites restent des musulmans et des frères.
Ainsi, les chiites évitent la pratique du takfir, préférant mettre en avant le dialogue et la fraternité islamique comme principes directeurs de leur interaction avec les sunnites.
II. Les rares cas d’extrémisme chiite
Même si l’extrémisme existe à différents degrés dans toutes les religions, les cas de takfirisme chez les chiites demeurent exceptionnels et marginaux.
Quelques individus isolés dans l’histoire chiite ont parfois adopté une approche radicale, déclarant mécréants ceux qui rejettent sciemment et par hostilité l’imamat des descendants du Prophète (s).
Cependant, ces positions restent extrêmement minoritaires et n’ont jamais donné naissance à des mouvements terroristes comparables à ceux observés dans les courants takfiristes sunnites contemporains.
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Le sunnisme et le phénomène takfiri
Dans le débat « qui sont les plus radicaux, chiites ou sunnites ? », il est essentiel d’examiner l’évolution du takfirisme dans certaines branches du sunnisme.
Si la majorité des sunnites sont pacifiques et opposés à la violence sectaire, plusieurs mouvements extrémistes sunnites ont néanmoins développé une idéologie takfiriste violente, justifiant l’excommunication de chiites et leur élimination physique.
Cette radicalisation s’est cristallisée à travers des figures telles qu’Ibn Taymiyya et Mohammed ibn Abd al-Wahhab, dont les idées ont nourri des générations de groupes jihadistes modernes.
I. Wahhabisme et radicalisme anti-chiite
Le wahhabisme, né au XVIIIe siècle sous l’impulsion de Mohammed ibn Abd al-Wahhab, a joué un rôle fondamental dans la diffusion de la pensée takfiriste.
Cette idéologie prône un retour littéraliste à l’islam des salafs (les pieux ancêtres), et considère que tout écart par rapport à sa doctrine est une forme de polythéisme (shirk).
Les chiites, accusés d’innover dans la religion (bid’a) et de pratiquer le culte des tombes, sont alors souvent considérés comme mécréants. Ce radicalisme s’est traduit par des campagnes violentes, notamment les destructions de lieux saints chiites à La Mecque, Médine et Karbala, ainsi que par des appels officiels au jihad contre les chiites, comme l’ont formulé plusieurs prédicateurs saoudiens et membres de la haute instance religieuse.
II. Principaux groupes terroristes sunnites anti-chiites
Al-Qaïda
Bien que Al-Qaïda ait été fondée avec l’objectif initial de lutter contre l’Occident, une branche dirigée par Abou Moussab al-Zarqaoui a dévié vers un jihad violent contre les chiites.
À partir de 2004, ce dernier a transformé Al-Qaïda en Irak en une machine de guerre contre les chiites, les accusant d’être des traîtres alliés à l’Amérique.
Ses attaques, notamment lors du massacre d’Achoura et la destruction du mausolée des Imams à Samarra, ont marqué le début d’une campagne sanglante contre les chiites.
Taliban
Le mouvement Taliban, bien qu’initialement concentré sur le contrôle de l’Afghanistan, a intégré l’idéologie takfiriste dans son approche religieuse. Inspiré par le courant Deobandi mêlé au salafisme, le régime taliban a orchestré plusieurs massacres de chiites, notamment lors du massacre de Mazar-e Sharif en 1998, où plus de 8000 chiites hazaras furent tués.
Les talibans ont aussi mené des exécutions, des déplacements forcés et des discriminations systématiques contre les chiites, en particulier dans les régions de Bamyan et de Ghazni.
Daech (ISIS)
Daech, ou l’État Islamique, représente la forme la plus brutale et systématique du takfirisme sunnite moderne. Dès sa création en 2014, ce groupe a fait de l’extermination des chiites une priorité stratégique et idéologique.
Dans leur publication Dabiq, ils ont justifié le massacre des chiites comme une obligation religieuse. Les chiffres sont accablants : 1700 étudiants chiites tués à la base aérienne de Spayker, plusieurs mosquées chiites détruites, attentats sanglants à Karbala, Bagdad, et même en Iran (attaque du mausolée de Shah Cheragh).
Daech s’est illustré par des méthodes barbares : exécutions publiques, attentats-suicides dans les mosquées, et campagnes de propagande haineuse.
Autres groupes takfiris anti-chiites
Outre Al-Qaïda, Daech et les Talibans, plusieurs autres groupes sunnites extrémistes ont adopté une ligne violemment anti-chiite.
On peut citer Jabhat al-Nosra en Syrie, qui a organisé des massacres à Hatla et dans les villages de Fou’a et Kafraya, Sipah-e-Sahaba au Pakistan, responsable de l’assassinat de centaines de chiites, ou encore Boko Haram au Nigeria, qui a mené des attaques suicides lors de processions chiites.
En Indonésie aussi, la Jamaat al-Jihad a promu la haine contre les chiites à travers des campagnes publiques. Ces groupes partagent tous une lecture fanatique de l’islam, nourrie par des décennies d’endoctrinement salafiste et wahhabite.
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Pourquoi les enseignements chiites rejettent-ils le terrorisme ?
Le chiisme, dans ses fondements doctrinaux, écarte toute légitimation de la violence aveugle ou de la terreur, que ce soit contre les musulmans ou les non-musulmans.
La justice, la raison et le respect de la dignité humaine sont au cœur de l’éthique chiite. L’imam Ali (a), figure centrale du chiisme, incarne cette justice à travers ses paroles et son comportement exemplaire.
Contrairement aux idéologies takfiries, le chiisme ne permet pas d’agresser quiconque sous prétexte de divergence théologique. Les grands savants chiites condamnent donc sans ambiguïté tout acte terroriste, quel qu’en soit le prétexte.
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Philosophie de l’islam – Behechti & Bâhonar
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Les Psaumes de l’islam – Sahifa Sajjadiyya
Traduit par Farideh Mahdavi Damghani – Publications Ansariyan – 628 pages
Prières profondes et sublimes de l’imam Ali ibn al-Hussein (a), 4ᵉ imam du chiisme.
Conclusion
Le takfirisme et le terrorisme n’ont pas leur place dans la tradition chiite authentique, fondée sur la justice, la sagesse et la miséricorde. Il y a des extrémistes partout, mais les faits sont clairs : les enseignements chiites condamnent la violence au nom de la foi.
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Seyed Ali Mousavi ✦