C’est quoi la différence entre sunnite et chiite ?

Dans l’histoire de l’islam, la division entre sunnites et chiites est l’une des plus anciennes et des plus discutées. Cette distinction, bien qu’évidente pour beaucoup, soulève souvent la question : Quelle est la différence entre les sunnites et les chiites ?

Si les deux écoles partagent une croyance commune en Allah, en la prophétie de Muhammad (s), et en des pratiques fondamentales comme la prière et le jeûne, elles se distinguent par des divergences théologiques et historiques qui ont façonné leurs identités respectives.

Ces différences trouvent principalement leur origine dans la succession du Prophète (s), une question clé qui a marqué le paysage religieux et politique des débuts de l’islam.

Cet article vous guidera à travers une analyse détaillée des points communs et des divergences entre sunnites et chiites, tant dans leurs convictions que dans leurs pratiques.

Vous découvrirez comment ces différences enrichissent la diversité de la foi musulmane et éclairent des siècles d’histoire islamique. Pour en savoir plus sur les fondements du chiisme, explorez mon site Le Chiisme.

Articles sur les croyances du chiisme

Pourquoi comparer sunnites et chiites ?

Comparer sunnites et chiites permet d’éclairer les similitudes et les différences entre ces deux grandes écoles de l’islam, tout en rappelant qu’elles partagent une foi commune en Allah, en le Prophète Muhammad (s), et en les principes fondamentaux de la religion.

Cette démarche aide à dissiper les malentendus, à rejeter la haine, et à promouvoir l’harmonie entre les musulmans. Selon les règles islamiques, sunnites et chiites sont tous deux considérés comme musulmans, bien que leurs approches de l’interprétation des concepts religieux diffèrent.

Une comparaison réfléchie ouvre les yeux sur ces distinctions, encourage le respect mutuel, et montre la valeur du dialogue rationnel et argumenté.

Raisons de comparer sunnites et chiites

• Identifier les points communs pour renforcer l’unité entre les musulmans.
• Comprendre que les différences reposent sur des approches variées de l’interprétation des textes religieux.
• Réduire les malentendus et dissiper la haine en favorisant une meilleure connaissance mutuelle.
• Rapprocher les cœurs en valorisant ce qui unit plutôt que ce qui divise.
• Montrer le chemin d’une argumentation logique et constructive dans les débats religieux.
• Promouvoir une vision équilibrée et tolérante envers les différences doctrinales et pratiques.

En fin de compte, cette comparaison ne vise pas à alimenter les divergences, mais à encourager l’entente et la paix entre tous les musulmans.

Croyances Partagées des chiites et des sunnites

Malgré leurs divergences doctrinales, sunnites et chiites partagent des bases solides de croyance qui cimentent leur appartenance commune à l’islam.

Ces croyances incluent la foi en Allah, en le Prophète Muhammad (s), et dans les livres révélés, ainsi que l’importance de concepts fondamentaux comme le monothéisme et le Jour du Jugement.

Ces convictions communes forment le socle de leur spiritualité et de leurs pratiques quotidiennes, transcendant les différences historiques et culturelles qui les distinguent.

Explorer ces points communs est essentiel pour comprendre l’unité essentielle des musulmans. Cette section mettra en lumière les croyances doctrinales partagées par les deux écoles, en montrant comment elles s’enracinent dans les enseignements coraniques et les traditions prophétiques.

Ces similitudes, souvent sous-estimées, sont des ponts qui rapprochent les cœurs et renforcent l’importance du respect mutuel.

I. La Foi en un Dieu Unique (Tawhid)

Avis chiite :

Le chiisme insiste sur l’unicité absolue d’Allah (Tawhid) et rejette toute association d’entité ou d’intermédiaire divin. Les chiites considèrent l’Imamat comme une guidance voulue par Allah, mais jamais comme une divinité associée.

Les versets coraniques sur l’unicité d’Allah (par exemple, la sourate Al-Ikhlas) sont centraux dans leur théologie.

Avis sunnite :

Le sunnisme partage cette conception du monothéisme pur, rejetant également toute forme de polythéisme ou d’associationnisme. Les sunnites insistent sur la souveraineté totale d’Allah, soulignant que tous les actes d’adoration, y compris les invocations, doivent être dirigés uniquement vers Lui.

II. La Prophétie de Muhammad (s)

Avis chiite :

Les chiites reconnaissent Muhammad (s) comme le dernier des prophètes, envoyé pour l’humanité tout entière. Ils insistent sur son infaillibilité et considèrent que les Imams, bien qu’humains, héritent de sa connaissance divine pour guider la communauté.

Avis sunnite :

Les sunnites partagent cette croyance en la prophétie ultime de Muhammad (s). Ils considèrent la Sunnah (les paroles et actes du Prophète) comme une source essentielle pour l’interprétation et l’application de l’islam dans la vie quotidienne.

Article connexe : Qui est le Prophète pour les chiites ?

III. Les Livres Révélés

Avis chiite :

Les chiites croient au Coran comme parole inaltérée d’Allah, bien qu’ils insistent sur la nécessité d’une interprétation correcte, souvent associée à la guidance des Imams. Ils respectent également les Écritures précédentes (la Torah et l’Évangile) mais les considèrent comme ayant été altérées.

L’idée de la falsification du Coran ne se trouve que chez une minorité. La majorité refuse les hadiths sunnites et chiites qui parlent de la falsification du Coran.

Avis sunnite :

Les sunnites croient également en l’intégrité du Coran et reconnaissent les Écritures précédentes comme révélations d’Allah. Cependant, ils partagent avec les chiites la conviction que ces textes précédents ont subi des modifications au fil du temps.

IV. La Croyance au Jour du Jugement

Avis chiite :

Les chiites insistent sur la justice divine (Adl) et croient fermement au Jour du Jugement, où chaque individu sera tenu responsable de ses actes. Ils soulignent également l’intercession des Imams ainsi que du Prophète Muhammad (s) pour aider les croyants dans l’au-delà.

Avis sunnite :

Les sunnites croient également au Jour du Jugement et mettent l’accent sur la responsabilité individuelle devant Allah. Ils partagent la conviction que les actions de cette vie déterminent le destin final, tout en insistant sur la miséricorde d’Allah pour les croyants sincères.

V. Les Anges et les Décrets Divins

Avis chiite :

Les chiites croient en l’existence des anges comme serviteurs d’Allah, sans libre arbitre, exécutant Ses ordres. Concernant les décrets divins, ils adoptent une position équilibrée entre prédestination et libre arbitre, affirmant que l’homme a la capacité de choisir ses actions. Le Chiisme ne croit pas au fatalisme ni au fait que l’homme est abandonné. D’après les enseignements des Ahlul Bayt (a) la volonté de l’homme est en prolongement de celle d’Allah.

Avis sunnite :

Les sunnites partagent cette croyance en les anges et en leur rôle central dans la transmission des révélations. En ce qui concerne les décrets divins, ils insistent sur la souveraineté d’Allah, mais reconnaissent également la responsabilité humaine dans ses choix.

Dans les premiers siècles de l’islam, certaines branches sunnites croyaient au fatalisme et d’autres croyaient que l’homme est indépendant dans ses actes.

Pratiques Partagées : Ce que sunnites et chiites accomplissent ensemble

I. La Prière (Salat)

Avis chiite :

Les chiites accomplissent cinq prières quotidiennes regroupées en trois moments de la journée (Fajr, Dhohr et Asr combinées, puis Maghrib et Isha combinées), sachant que le regroupement n’est pas obligatoire chez eux. Ils insistent sur l’importance de la concentration (khushu’) et sur des détails spécifiques comme l’utilisation du turbah, une petite pierre ou morceau de terre purifié ou de bois, lors de la prosternation.

Avis sunnite :

Les sunnites prient également cinq fois par jour, mais à des moments séparés. La prosternation se fait directement sur le sol ou sur un tapis, sans nécessiter de turbah. Pour eux, la régularité des horaires et la précision des mouvements sont des aspects essentiels de l’acte de prière.

II. Le Jeûne (Sawm) pendant le mois de Ramadan

Avis chiite :

Les chiites jeûnent tout le mois de Ramadan, en s’abstenant de nourriture, d’eau et de relations intimes du lever au coucher du soleil. Ils marquent également la rupture du jeûne (iftar) par des prières et des invocations, en attachant une importance particulière aux nuits de Qadr.

Avis sunnite :

Les sunnites suivent également le jeûne du Ramadan avec des règles similaires. Ils accordent une grande importance au partage communautaire pendant le iftar (comme les chiites) et aux prières nocturnes (Tarawih), souvent pratiquées en groupe.

III. L’Aumône Légale (Zakat) : Une obligation de solidarité

Avis chiite :

Pour les chiites, la zakat est une obligation légale visant à purifier les biens et à soutenir les nécessiteux. En complément, ils pratiquent le khums, un prélèvement spécifique destiné aux Imams ou à leurs représentants.

Avis sunnite :

Les sunnites considèrent la zakat comme l’un des piliers de l’islam. Elle est calculée en fonction des biens accumulés et redistribuée aux catégories mentionnées dans le Coran, comme les pauvres et les voyageurs.

IV. Le Pèlerinage à La Mecque (Hajj)

Avis chiite :

Les chiites accomplissent le Hajj en respectant les mêmes rites fondamentaux que les sunnites, comme le Tawaf autour de la Kaaba et la station à Arafat. Ils insistent sur l’intention pure et la spiritualité de cet acte.

Avis sunnite :

Le Hajj est également central pour les sunnites, qui y voient une manifestation de l’unité islamique. Tous les pèlerins, indépendamment de leur école de pensée, accomplissent les mêmes étapes rituelles.

Cours pour apprendre le hajj chiite

V. Les Célébrations de l’Aïd (Fitr et Adha)

Avis chiite :

Les chiites célèbrent l’Aïd al-Fitr et l’Aïd al-Adha avec des prières spécifiques, des aumônes et des rassemblements familiaux. Ils marquent également des commémorations spécifiques, comme l’Aïd al-Ghadir.

Avis sunnite :

Les sunnites célèbrent ces deux fêtes avec des prières en groupe et des actes de générosité envers les proches et les pauvres. Ces fêtes sont une occasion de renforcer les liens sociaux et familiaux.

VI. Les Prières Funéraires (Salat al-Janazah)

Avis chiite :

Les chiites prient pour les défunts en demandant le pardon d’Allah et Sa miséricorde. Ils incluent souvent des invocations spécifiques pour les proches du défunt et les membres de la communauté.

Avis sunnite :

Les sunnites suivent également ce rituel avec des prières collectives en faveur du défunt. La simplicité des funérailles et l’importance de prier pour le pardon sont des éléments clés.

VII. La Lecture du Coran

Avis chiite :

Les chiites encouragent la récitation régulière du Coran. Ils insistent sur la compréhension et l’interprétation des versets à travers les enseignements du Prophète Muhammad (s) et des Imams (a).

Avis sunnite :

Pour les sunnites, la récitation du Coran est un acte de dévotion quotidienne. L’apprentissage par cœur (Hifz) est particulièrement valorisé (comme chez les chiites), et la lecture se fait souvent lors de rassemblements communautaires.

VIII. Les Invocations et Supplications (Dua)

Avis chiite :

Les chiites pratiquent des invocations spécifiques, notamment les Duas rapportées par le Prophète Muhammad (s) et les Imams (a), comme le Dua Kumayl. Ces prières sont souvent récitées dans des contextes collectifs ou individuels.

Avis sunnite :

Les sunnites privilégient également les supplications, souvent inspirées des paroles du Prophète (s). Ces prières sont vues comme un moyen direct de communiquer avec Allah.

IX. Les Actes de Bienfaisance (Sadaka)

Avis chiite :

Les chiites encouragent les actes de charité, qu’ils soient financiers ou en temps offert, considérant cela comme un moyen d’approcher Allah et de purifier l’âme.

Avis sunnite :

Les sunnites partagent cette pratique de la charité, souvent organisée par des institutions locales ou des initiatives personnelles, en vue d’apporter une aide concrète à ceux qui en ont besoin.

X. La Recherche de la Connaissance (Ilm)

Avis chiite :

Les chiites valorisent l’acquisition de la connaissance, en particulier des enseignements religieux liés au Coran, aux Hadiths et à la jurisprudence (Fiqh). Les centres d’apprentissage, comme les hawzas, jouent un rôle central.

Avis sunnite :

Les sunnites mettent également un accent particulier sur la recherche de la connaissance, qu’elle soit religieuse ou profane, en s’appuyant sur des écoles théologiques et des universités islamiques.

Différences dans les Dogmes entre Sunnites et Chiites

Les sunnites et les chiites partagent une foi commune en Allah, en le Prophète Muhammad (s), et dans les principes fondamentaux de l’islam. Cependant, des différences notables apparaissent dans leurs dogmes, influencées par des divergences historiques et théologiques.

Ces distinctions concernent notamment la succession prophétique, le rôle des figures historiques, et l’interprétation des textes religieux. En comprenant ces différences, il devient possible d’apprécier la richesse et la diversité de la tradition islamique, tout en favorisant une meilleure entente entre ces deux grandes écoles.

I. La Succession du Prophète (s)

Avis chiite :

Pour les chiites, la succession du Prophète Muhammad (s) devait être déterminée par une désignation divine. Ils croient que l’Imam Ali (a) a été choisi par le Prophète (s) lors de l’événement de Ghadir Khumm.

L’Imamat est considéré comme une autorité spirituelle et politique infaillible, nécessaire pour guider la communauté musulmane.

Avis sunnite :

Les sunnites estiment que le califat devait être décidé par consultation (shura) entre les compagnons du Prophète. Ils reconnaissent Abu Bakr comme le premier calife légitime, élu après le décès du Prophète.

Le califat est vu comme une fonction politique, sans l’aspect infaillible que lui attribuent les chiites.

II. Le Concept de l’Imamat

Avis chiite :

L’Imamat est un pilier fondamental pour les chiites. Les Imams sont considérés comme divinement désignés, infaillibles, et détenteurs de la connaissance cachée (ilm). Ils sont vus comme les guides spirituels et les protecteurs de l’interprétation correcte de l’islam.

Les chiites ne leur attribuent pas de la divinité, mais ils les considèrent comme successeurs du Prophète Muhammad (s).

Avis sunnite :

Les sunnites n’ont pas de concept similaire à l’Imamat chiite. Pour eux, les chefs religieux sont des savants (ulémas) qui interprètent les textes sacrés, mais sans l’aspect infaillible ou divin attribué aux Imams chez les chiites.

III. La Position des Compagnons (Sahaba)

Avis chiite :

Les chiites respectent beaucoup de compagnons du Prophète (s), mais critiquent ceux qui, selon eux, ont détourné la communauté de la voie tracée par Muhammad (s). Les figures comme Abu Bakr, Umar, et Uthman sont souvent remises en question dans leur légitimité.

Ils croient que d’après le Coran, un groupe de compagnons ne restèrent pas fidèles aux enseignements de l’islam.

Avis sunnite :

Les sunnites accordent un grand respect à tous les compagnons, considérant qu’ils ont joué un rôle crucial dans la transmission de l’islam. Les divergences entre compagnons sont interprétées comme des désaccords humains, sans nuire à leur statut.

IV. La Justice Divine (Adl)

Avis chiite :

La justice divine est un principe clé pour les chiites. Ils insistent sur le libre arbitre humain, affirmant que les actions des individus déterminent leur sort, tout en reconnaissant la souveraineté d’Allah.

Avis sunnite :

Les sunnites partagent cette croyance, mais certains courants, comme les Asharites, insistent davantage sur la prédestination (qadar), tout en reconnaissant une certaine responsabilité humaine.

V. L’Intercession (Shafa’a)

Avis chiite :

Les chiites croient fermement à l’intercession des Imams (a) et de figures saintes, qui peuvent plaider en faveur des croyants auprès d’Allah. Cette croyance est souvent justifiée par des traditions prophétiques.

Avis sunnite :

Les sunnites acceptent également l’idée d’intercession, mais ils la limitent au Prophète Muhammad (s) et au Jour du Jugement, en insistant sur le fait qu’Allah est le seul à accorder le pardon.

VI. Le Coran

Avis chiite :

Les chiites croient que le Coran est complet et inaltéré, mais ils insistent sur l’importance de l’interprétation correcte, qui doit être guidée par les Imams.

Avis sunnite :

Les sunnites croient également en l’intégrité du Coran et considèrent les explications des compagnons et des premiers savants comme les bases de son interprétation.

VII. Le Mahdi et la Fin des Temps

Avis chiite :

Les chiites croient que le Mahdi, le 12e Imam, est en occultation et qu’il réapparaîtra pour établir la justice sur Terre.

Avis sunnite :

Les sunnites croient également en la venue du Mahdi, mais ils n’ont pas de figure spécifique liée à ce rôle. Leur croyance est moins centralisée sur une personne précise. Ils croient qu’il n’est pas encore né.

VIII. Le Tawassul : Intercession par les Figures Sacrées

Avis chiite :

Le tawassul, ou recours à l’intercession des figures saintes comme le Prophète Muhammad (s) et les Imams, est une pratique largement acceptée chez les chiites. Ils considèrent qu’il est permis de demander à ces figures d’intercéder auprès d’Allah pour obtenir des bénédictions ou résoudre des difficultés.

Cette pratique repose sur des traditions prophétiques et des récits attribués aux Imams.

Avis sunnite :

Les sunnites sont divisés sur la question du tawassul. Si certaines écoles (comme les soufis) l’acceptent sous certaines formes, d’autres, en particulier parmi les salafistes, considèrent qu’il s’agit d’une innovation (bid’a) ou même d’une forme d’associationnisme (shirk).

Les sunnites insistent généralement sur le fait que toutes les invocations doivent être adressées directement à Allah.

IX. Le Tabarruk : Rechercher la Bénédiction

Avis chiite :

Pour les chiites, le tabarruk (recherche de bénédiction) par tout ce qui est lié au Prophète Muhammad (s) et aux Imams (a) est une pratique légitime. Cela inclut leurs mausolées, leurs objets personnels, ou même la terre sacrée de Karbala.

Ils se réfèrent à des exemples coraniques, comme celui du père du Prophète Yousuf (a), qui retrouva la vue grâce au vêtement de son fils, montrant que des objets peuvent transmettre la bénédiction par la permission d’Allah.

Le tabarruk est perçu comme une manière de renforcer la foi et de témoigner de l’amour pour les figures saintes.

Avis sunnite :

Les sunnites, dans leur majorité, acceptent le tabarruk de manière modérée, notamment par le Prophète Muhammad (s) lui-même, comme boire l’eau de ses ablutions ou utiliser ses cheveux pour obtenir des bénédictions.

Cependant, la pratique est moins étendue comparée aux chiites. En revanche, les salafistes rejettent strictement le tabarruk, considérant cela comme une innovation (bid’a) ou une forme d’associationnisme, insistant sur le fait que toute demande doit être directement adressée à Allah.

X. L’Infaillibilité des Prophètes et des Imams

Avis chiite :

Les chiites croient fermement en l’infaillibilité (isma) des prophètes et des Imams, affirmant qu’ils sont exempts de tout péché, erreur ou oubli depuis leur naissance.

Cette infaillibilité est considérée comme essentielle pour leur rôle de guides spirituels et modèles parfaits pour l’humanité. Ils se réfèrent au verset coranique : « Mon alliance ne touche pas les injustes » (Sourate Al-Baqara, 2:124), interprétant que même une petite injustice ou erreur rendrait une personne indigne de recevoir cette responsabilité divine.

Avis sunnite :

Les sunnites partagent l’idée que les prophètes sont infaillibles dans leur mission prophétique, c’est-à-dire qu’ils ne commettent pas de péchés majeurs ou d’erreurs compromettant la révélation.

Cependant, ils reconnaissent la possibilité de fautes mineures ou d’erreurs humaines corrigées par Allah. Quant aux Imams, les sunnites ne leur attribuent pas d’infaillibilité, considérant qu’ils sont des savants respectés mais faillibles comme tout être humain.

Différences dans les Pratiques entre Chiites et Sunnites

Les pratiques religieuses dans l’islam sont au cœur de la vie spirituelle des musulmans. Si chiites et sunnites partagent des actes fondamentaux comme la prière, le jeûne, et l’aumône, des différences significatives se manifestent dans leur manière de les accomplir.

Ces variations, souvent issues de divergences doctrinales, reflètent des interprétations différentes des textes religieux et des traditions prophétiques. Cet article explore les principales différences dans les pratiques religieuses, permettant de mieux comprendre la diversité et la richesse de l’islam.

I. La Prière (Salat)

Avis chiite :

Les chiites regroupent souvent les prières en trois moments dans la journée : Fajr, Dhohr et Asr ensemble, puis Maghrib et Isha ensemble. Lors de la prosternation, ils utilisent une turbah (morceau de terre ou d’argile purifiée) pour poser leur front, considérant cela comme une pratique conforme à la tradition prophétique.

Ils ne se croisent pas les bras et ne disent pas Amine après la sourate al-Fatiha dans la prière.

Avis sunnite :

Les sunnites accomplissent les cinq prières à des moments distincts de la journée. Ils se prosternent directement sur le sol ou un tapis, sans utiliser de turbah.

La plupart des sunnites se croisent les bras lorsqu’ils sont debout dans la prière et disent Amine après la récitation d’Al-Fatiha.

II. L’Appel à la Prière (Adhan)

Avis chiite :

Dans l’adhan chiite, la phrase « Hayya ala khayr al-amal » (Hâtez-vous vers la meilleure des œuvres) est incluse. La mention spécifique à Ali (a) comme preuve de leur attachement à l’Imamat ne fait pas partie de l’appel à la prière, mais certains chiites le rajoutent sans avoir l’intention qu’il fait partie d’al-Adhân.

Avis sunnite :

Les sunnites n’incluent pas « Hayya ala khayr al-amal » dans l’adhan. Leur version est plus concise et uniformisée, sans référence explicite à Ali (a).

III. Les Prières surérogatoires (Tarawih)

Avis chiite :

Les chiites considèrent les prières nocturnes (comme Tarawih pendant Ramadan) en groupe comme une innovation (bid’a). Ils préfèrent accomplir ces prières individuellement et mettent l’accent sur des invocations spécifiques.

Avis sunnite :

Les sunnites pratiquent les prières Tarawih en congrégation pendant le mois de Ramadan, souvent dans les mosquées. Cette pratique est considérée comme une tradition héritée du calife Umar ibn al-Khattab.

IV. Les Ablutions (Wudu)

Avis chiite :

Les chiites lavent les bras en commençant par les coudes et descendant vers les doigts. Ils insistent également sur le fait que le lavage des pieds est remplacé par un simple essuyage avec les mains mouillées (masah).

Avis sunnite :

Les sunnites lavent les bras des doigts jusqu’aux coudes et lavent leurs pieds jusqu’aux chevilles, conformément à leur interprétation du verset coranique sur le wudu.

V. Les Funérailles et la Position du Corps

Avis chiite :

Les chiites enterrent les défunts avec le visage tourné vers la Qibla, en insistant sur la récitation de prières spécifiques pour le pardon du défunt.

Avis sunnite :

Les sunnites suivent également la pratique de diriger le défunt vers la Qibla, mais leurs prières funéraires (Salat al-Janazah) sont souvent plus succinctes, avec des variantes selon les écoles.

VI. La Commemoration de l’Ashoura

Avis chiite :

L’Ashoura est un jour de deuil majeur pour les chiites, marqué par des cérémonies, des récitations poétiques, et des processions pour commémorer le martyre de l’Imam Hussein (a).

Avis sunnite :

Les sunnites considèrent également l’Ashoura comme un jour important, souvent marqué par le jeûne en mémoire de la victoire de Moïse sur Pharaon, mais sans les cérémonies chiites.

VII. Les Célébrations de l’Aïd

Avis chiite :

Les chiites célèbrent l’Aïd al-Fitr et al-Adhâ avec des prières spécifiques, mais ils accordent une importance particulière à l’Aïd al-Ghadir, en souvenir de la désignation de l’Imam Ali (a).

Avis sunnite :

Les sunnites célèbrent principalement l’Aïd al-Fitr et l’Aïd al-Adha, en mettant l’accent sur les prières et les actes de charité.

VIII. Le Mariage Temporaire (Mut’a)

Avis chiite :

Les chiites considèrent le mariage temporaire comme une pratique légitime autorisée par le Coran et la Sunnah. Ce type de mariage est souvent encadré par des règles strictes.

Avis sunnite :

Les sunnites rejettent le mariage temporaire, le considérant comme une pratique annulée par le Prophète Muhammad (s). Cependant, dans certains contextes, ils reconnaissent des formes alternatives comme le Nikah Misyar, où certaines conditions du mariage traditionnel, comme la cohabitation, sont assouplies.

IX. Les Visites aux Sanctuaires (Ziyarat)

Avis chiite :

Les chiites pratiquent activement les ziyarat dans les sanctuaires des Imams et des figures saintes, en les considérant comme un moyen d’obtenir des bénédictions et de renforcer leur foi.

Avis sunnite :

Les sunnites ne pratiquent pas les ziyarat de manière aussi systématique et considèrent parfois cette pratique comme non essentielle ou même controversée. Il ya quand même certaines branches sunnites qui font ces visites souvent blâmées par les salafistes.

X. Divorce Irrévocable

Avis chiite :

Les chiites considèrent le « trois divorces » prononcé en une seule occasion comme invalide. Selon leur jurisprudence, chaque divorce doit être suivi d’un délai de viduité (iddah), permettant une possible réconciliation avant que le divorce ne soit définitif. Ce processus vise à réduire les séparations impulsives.

Avis sunnite :

Les sunnites acceptent généralement la validité du « trois divorces » prononcé en une seule occasion, bien qu’ils le considèrent comme déconseillé (makrouh).

Pour eux, un tel acte met immédiatement fin au mariage et interdit à l’homme de se remarier avec la femme, sauf si celle-ci épouse et divorce d’un autre homme.

XI. Tawaf al-Nisa

Avis chiite :

Les chiites considèrent le Tawaf al-Nisa comme une obligation spécifique du Hajj et de la Umra, particulièrement après les rituels principaux. Ce tawaf est nécessaire pour rendre licites les relations conjugales. Son omission est vue comme une cause d’invalidité des aspects conjugaux du pèlerinage.

Avis sunnite :

Les sunnites ne reconnaissent pas le Tawaf al-Nisa comme une obligation distincte. Pour eux, les rites du Hajj sont complétés après le Tawaf al-Ifada, sans nécessité d’un tawaf supplémentaire pour légaliser les relations conjugales.

XII. Khums sur les Revenus

Avis chiite :

Le Khums est une obligation majeure pour les chiites, applicable non seulement aux butins de guerre mais aussi aux revenus et profits personnels. Cette taxe, correspondant à 20 % des gains annuels (sur la partie qui est hors nos besoins-le surplus), est divisée en deux parts : l’une pour les nécessiteux et l’autre pour l’Imam du temps (a).

Elle est perçue comme un moyen de redistribution des richesses et de soutien à la communauté.

Avis sunnite :

Les sunnites limitent principalement le Khums aux butins de guerre, comme mentionné dans le Coran. Ils ne l’appliquent pas aux revenus personnels, préférant s’appuyer sur la Zakat comme principal mécanisme de redistribution des richesses dans la communauté.

Où apprendre les dogmes chiites ?

Pour apprendre les dogmes chiites, plusieurs ressources s’offrent à vous selon vos besoins et préférences. Les livres chiites sont une source fondamentale pour comprendre les bases de la foi chiite. Vous pouvez en trouver une sélection dans la boutique islamique Razva, qui propose des ouvrages fiables et variés.

Si vous préférez un apprentissage guidé et structuré, les cours d’islam en ligne de l’Institut Islamique Razva sont une excellente option, permettant d’approfondir les dogmes chiites avec l’aide d’un enseignant qualifié.

Enfin, pour ceux qui souhaitent explorer des articles détaillés et accessibles, le site lechiisme.com offre une riche bibliothèque d’articles dédiés à l’étude et à la compréhension du chiisme.

Liens Utiles :

• Livres chiites disponibles sur la boutique Razva
• Cours d’islam en ligne sur l’Institut Islamique Razva
• Articles sur lechiisme.com

Conclusion

Comprendre les similitudes et les différences entre sunnites et chiites ouvre la voie à une meilleure compréhension mutuelle et à une unité renforcée entre les musulmans. Votre soutien est essentiel pour continuer à produire des contenus éducatifs de qualité.

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